Déversoir

 « Je veux brasser l’histoire familiale, me débattre avec elle. La folie... Nous avons tous dans la famille une fragilité qui nous tend vers elle, pourquoi certains ont basculé ? »

Angela Laurier dit être « entrée en contorsion » quand son frère Dominique est « entré en schizophrénie ». Par l'intermédiaire de la caméra, du Québec à l’Alaska, elle nous invite à partager un road-movie profondément  intime. « Déversoir est une tentative de démystification de la folie. Mon métier de contorsionniste est mon exutoire aliénant.  Ma famille, je la porte en moi, c’est d’abord mon père et mon frère, que je filme. »

Sur fond d’écran où vont s’exprimer les nœuds de l’histoire familiale, Angela mêle son corps aux images, aux paroles, roule, se tord, entre en résistance, parcourt les failles, sonde les blessures, telle une exploratrice partie à la recherche de l’origine du mal, déroulant le fil de la transmission ou de l’hérédité.

 « Mon père raconte son départ de France en 1952. À 22 ans, il quitte son Berry natal pour le nord du Québec pour travailler dans les mines, il se marie alors avec ma mère, native des cantons de l’est du Québec puis ils partent ensemble dans une contrée sauvage de l’Ouest canadien à 200 km de l’Alaska. En 1967, ma mère traverse seule le Canada en train avec sept enfants pour la rive sud de Montréal, mon père nous rejoint en 1969, deux autres naissances suivront ».

Un père dépressif, un frère schizophrène, une fratrie de neuf enfants et la contorsion ressentie comme une violence rentrée. « Par la contorsion et ses simulacres d’animalité, je questionne notre mal être ».

Le corps virtuose est ici mis au service d'un propos extrêmement intime, dans l'espoir de le libérer. Un moment d'une exceptionnelle sensibilité, bien au-delà du cirque, qui raconte le poids du roman familial sur le corps et la force d'arrachement qu'il faut parfois exercer pour le redresser.

Après Exutoire, Déversoir est le deuxième volet d’une trilogie sur l’histoire familiale complétée par J’aimerais pouvoir rire, programmé le 9 avril au Cirque-Théâtre

Auteur, contorsionniste
Angela Laurier
Avec la participation de Dominique Laurier

Musicien vidéaste
Manuel Pasdelou

Scénographie
Florent Pasdelou

Création robe camisole
Goury

Création costumes
Myriam Remoissennet

Collaborateurs artistiques, œil extérieur
Julien Laurier et Gen Shimaoka